Que dieu bénisse ce jour sacré, ce jour sans école : le dimanche. Le soleil gagne du terrain, seuls quelques nuages résistants surplombent le château. C’est le moment idéal pour prendre l’air. Le parc du château serait l’endroit parfait : quelques passages d’ombres, quelques rayons chaleureux. Chloé avait invité Prue à discuter pendant de longues heures. La blonde s’était vue désolée de devoir récliner. Astoria, Amber,… elles aussi étaient indisponibles. À croire qu’il se passe quelque chose dont elle n’a aucune invitation. Essaieraient-elles de l’éviter ? Non, ne commençons aucun délire psychotique. Elles sont occupées, voilà tout.

Il y a tout un tas de personnes qu’elle voudrait voir. Depuis sa rencontre avec Lewis, Chloé est rongée par les remords, par les mensonges, par le doute. Elle espère bien profiter un maximum des personnes qui lui sont chers avant la fin. La fin dont elle ne connaît pas le jour, ni l’heure, ni la circonstance. Gregory est certainement le garçon qui lui manque le plus. Après cette superbe journée passée près du hangar à bateaux, elle espérait le revoir très vite. Discuter, rire encore et encore. Mais lui non plus n’est pas là. Kévin a dû lui tenir la jambe pour jouer aux échecs. Ce sera donc sans Staub.

Chloé fit retour arrière. En passant devant les doubles portes de la grande salle, elle aperçut au loin Fred Weasley. Il était seul, assis à une table, lisant un livre. Il semblait totalement absorbé par la lecture. La serpentard l’observa pendant près de 3 minutes. Elle doutait. Faut-il le rejoindre ? Excellente question :

Depuis le procès, Chloé faisait tout pour l’éviter. Elle ne comprenait pas ce choix. Préférant vivre sa vie auprès de son frère que de survivre. À croire qu’il considère la vie comme un fardeau. Elle voyait loin, dans le futur. Que serait sa vie sans Fred, George ou encore Ronald ? Certes, il se pourrait bien qu’elle soit morte avant de connaître cette douleur mais… Ce « mais » ne se complète pas.

La tentation est bien trop forte. Ce n’est pas l’envie qui manque mais plutôt le courage. Lui en veut-il de s’être montré transparente ? Ce n’est certainement pas en restant en retrait qu’elle en connaîtra la réponse. Très lentement, Chloé s’avança dans la grande salle. Elle n’avait pas encore détaché son regard, tremblante. Prise d’une panique, elle se stoppa à la moitié du voyage. Elle crut un instant que ses nerfs allaient lâcher, qu’elle fondrait en larmes. C’est si difficile d’admettre avoir commis une erreur. Alors que Fred sans doute besoin d’elle, elle joue sur un autre plateau de jeu. C’était stupide, c’était très immature. Elle se mit à parler, d’une voix très faible. Presque inaudible.

« Fred ? »

Chloé avala sa salive, persuadée que cette journée ne serait pas aussi reposante que prévue. Mais finalement, elle s’enfiche. Ce qui compte désormais c’est lui : lui et personne d’autre.

« Je suis stupide ! »

Sans plus attendre, elle se mit à courir. Elle se stoppa à sa hauteur et le prit dans ses bras. Elle le sera du plus fort qu’elle put, comme elle aime le faire à son père. Elle ne sait pas comment il réagira : ‘mal’ de l’avoir ignoré tout ce temps ou ‘bien’ de l’avoir retrouvée finalement ? Elle se retient, il ne faudrait pas qu’elle fonde en larme. Même si cette retrouvaille est bordée d’émotion, il ne faudrait pas paraître pour une faible sorcière. Du moins, elle essaie de s’en persuader.

Chloé ne s’étonna pas de sa réaction. Ils ne s’étaient échangés aucun mot depuis si longtemps. Son arrivée en grande pompe était louche, suspecte. Les serpentards sont connu pour leurs mesquineries. Chloé n’est pas de ce genre mais comment s’en douter ?

Fred semblait regarder ailleurs et sans même qu’elle n’eut le temps de s’y préparer, il la força à s’asseoir sur le banc de la Grande Salle. Stupéfaite, elle ne s’attendit pas non plus à une telle question. Là, plus aucun doute. Elle en a gros sur le cœur et regrette déjà d’avoir prit son courage à deux mains. Quelle idée. Elle n’était si terrible que ça. Elle aurait mieux fait de trouver Gregory et de s’incruster malgré le regard des autres.

Un peu prise de court, elle réfléchissait sérieusement à lui offrir une réponse digne de ce nom. Mais quel mot utiliser ? Il n’a même pas idée de ce qui a bien pu l’éloigner de lui si rapidement. Forcement, elle ne lui en a jamais parlé. Elle s’était juste contentée d’accélérer le pas ou d’emprunter d’autres chemins afin de ne pas l’y croiser. Ce « Qu'est ce que tu fais là ? » décèlent bien plus qu’une simple interrogation. Sur le coup, elle ne pouvait que s’en prendre à elle-même :

« Je… te voir. »

Chloé détourna son regard très rapidement afin de connaître la raison de ce froid si soudain. Alecto Carrow se tenait non loin de là déjà alertée de son entrée dans la Grande Salle. Elle aurait dû se montrer plus discrète. Mh Chloé + discrétion = utopie ! Elle tourna le dos au mangemort et posa le regard sur ses propres mains. Elle s’était mise dans de beaux draps. Chloé n’a encore eu aucun problème avec Carrow sœur mais Carrow frère a dû lui en raconter des bêtises à son sujet. Elle doit être au courant que Chloé est à surveiller de très près. Si jamais Amycus vient faire son curieux ici, elle ne donne pas cher de sa peau. Non seulement, il la considère comme une traîtresse mais si il la voit traîner avec Fred… Oula, ce ne seront plus des heures de tortures mais un véritable cauchemar !

« En réalité… je me retiens depuis pas mal de temps à venir te trouver. »

Démarrons la séance vérité en douceur, sans réellement étalée la véritable raison d’un seul trait. Il doit se sentir mal d’avoir échoué face aux forces du mal. Autant ne pas remettre cette histoire sur le tapis. Il n’est peut-être pas prêt à entendre ce qu’elle pense.

« Tout va bien ? »