Après quelques minutes de marche, et des brefs coups d'oeil derrière elle, Elen parvint à quitter les cachots, et prolongea davantage sa marche. Non pas qu'elle voulait se balader tranquillement, mais Elen était tiraillée par l'idée de tomber sur certaines personnes dans les couloirs, le soir, lorsqu'elle était seule. Plus tôt dans la soirée, sa cousine Astoria, était venue faire une brève apparition à ses côtés, et lui avait donné un lieu de rendez-vous précis, sans émettre aucun détail sur la raison de cette rencontre.

Après avoir tourné à l'angle d'un couloir menant aux escaliers, elle se hâta de parvenir jusqu'au deuxième étage et de déboucher sur une allée reculée, qui semblait vide. Elle ne put s'empêcher de se retourner une nouvelle fois, pour vérifier si elle était suivie ou si elle pouvait poursuivre son chemin sans y prêter attention. Elen se maudissait d'avoir le don d'être toujours en retard à tout, et en l'occurence, ce soir là. Astoria devrait être en train de l'attendre seule, à regarder les pavés qui couvraient le sol, pour seule occupation. Dans un élan de curiosité, Elen pressa le pas, et marcha si vite qu'elle courrait presque.

Elen se posait beaucoup de questions sur sa cousine Astoria. Certes, elles se disaient tout, et Astoria était d'une bonté envers elle, qu'elle ne pouvait pas même nier. Mais elle s'inquiétait pour elle, en réalité, car ces derniers temps elle semblait ailleurs, préoccupée, troublée. Elle s'imaginait déjà les meilleurs mais aussi les pires raisons du tête à tête que lui avait prévu sa cousine. Elen souffla de soulagement lorsqu'elle vit apparaître l'objet de ses désirs. Non pas la statue, mais un des derniers passages qui était actuellement encore utilisable. Elle murmura quelque chose d'inaudible au trableau, qui somnolait avant de la voir s'arrêter à sa face. Puis le tableau s'ouvrit, laissant voir un long couloir noir, avec pour seule fenêtre visible une fente en haut du mur, qui donnait une vue sur le lac noir, si l'on était assez grand pour. Elle inspira longueument, se répétant intérieurement de se dépêcher afin de ne pas faire attendre sa cousine, et posa successivement un pied à l'intérieur, avant d'entendre un bruit sourd. Le tableau s'était refermé. Eclairée par une seule et unique fenêtre, elle s'avança jusqu'au bout du couloir, priant intérieurement pour ne pas trébucher. Voyant comme une lumière à une dizaine de mètres de là, elle se hâta de parvenir jusqu'à elle. Et sans qu'elle n'ait rien fait ou dit, ce qui semblait être un mur de pierre s'ouvrit pour la laisser passer.

Elle sourit de soulagement lorsqu'elle s'aperçut qu'elle était bel et bien au troisième étage, le lieu que lui avait donné sa cousine. Elle arpenta un dernier couloir, et vit au loin la statue de la sorcière Borgne. Voyant une chevelure claire qui dépassait du socle, elle ralentit le pas, et les bras croisés, s'avança jusqu'à elle.